Pouvez-vous vous présenter ? Pourquoi avez-vous souhaité devenir kinésithérapeute ?

Je m’appelle Pierre QUÉMÉNER. J’ai obtenu mon diplôme d’État de masseur kinésithérapeute en 2013 à l'école de Nantes. J’ai mon propre cabinet depuis 2018 sur Angers et je suis kiné des Ducs d’Angers depuis 2016.
Pour la petite anecdote, je suis devenu kiné grâce à ma sœur qui est kiné. Un jour, j’avais oublié mes clés et j’ai dû aller les récupérer à son cabinet. J’ai tout de suite beaucoup aimé et je suis resté pour regarder ce qu’elle faisait. À la suite de ça, et après m’être renseigné, je me suis décidé à me lancer dans les études de kiné.

Lors de notre échange, vous nous disiez que vous avez continué à vous former après l’obtention de votre diplôme. Pourquoi avoir ressentis ce besoin d’être plus formé ? Quelle(s) formation(s) avez-vous faite(s) suite à votre diplôme de kiné ?

Tout a commencé lorsque j’étais en stage auprès de l’un des kinés d’Angers SCO et des Ducs d’Angers. J’ai beaucoup aimé et c’est pourquoi, j’ai passé par la suite un diplôme en kinésithérapie du sport en 2016 auprès de l’organisme de formation CEVAK basé à La Roche-sur-Yon. J'ai également fait une formation plus ciblée vers la préparation physique.
J'avais des lacunes par rapport à la formation initiale de kiné. Pour moi, le cursus renforcement musculaire et préparation physique n'est pas assez poussé. En effet, pour soigner au mieux le patient, il faut vraiment l'aider à se renforcer. C’est pour ça que j’ai ressenti le besoin d’être mieux formé, malgré la formation kinésithérapie du sport, j'avais l'impression de ne pas aller jusqu'au bout des choses dans l'aspect accompagnement des patients. C’est sur ce point-là que ma formation de préparateur physique m’a beaucoup aidé.

Vous êtes kiné des Ducs D’Angers, quelles sont vos missions auprès des joueurs ?

Avant le match, j'arrive deux heures avant pour faire tous les soins, les massages d'échauffement. Pendant le match je vais gérer les potentielles blessures qu'il peut y avoir, même si elles sont quand même assez rares. Après le match, je reste au moins une heure pour faire les soins, les massages de récupération ou s’il y a besoin de faire de l'immobilisation.

Qu’est-ce qui change dans votre cabinet d'être un kiné du sport et plus particulièrement celui des Ducs d’Angers ?

Le fait que je sois kiné des Ducs d’Angers apporte une certaine confiance aux patients qui viennent me voir pour la 1ère fois. Il est vrai qu’en tant que kiné du sport j’ai beaucoup de sportifs dans mon cabinet. Cependant, avec mon associé nous faisons en sorte d’avoir une patientèle diversifiée afin de faire des choses variées.

Selon vous, quels sont les aspects de la préparation physique qui peuvent être négligés par vos confrères n’ayant pas eu votre formation ?

Le fait d'adapter les soins en fonction des objectifs, avec le nombre de répétition, la charge qu'on peut mettre au patient. On a plus tendance à faire des choses répétitives et les mêmes pour tout le monde. Pour moi, en école de kiné, on ne m'a pas forcément appris comment il fallait adapter le nombre de répétitions, ou encore la charge en fonction du patient ou des objectifs. J'ai l'impression qu'on ne m’a pas donné assez d'informations pour que je puisse avoir toutes les cartes en main.
Il y a aussi la quantification. Les préparateurs physiques ont l'habitude de tout écrire, de tout quantifier ou encore d'utiliser l'échelle de perception de l'effort. C’est-à-dire, comment le patient a ressenti la séance : si c’était facile ou difficile. Et pour le coup, cet outil n'est pas du tout utilisé chez les kinés, alors qu’il devrait l’être. Il serait intéressant de l’intégrer à nos pratiques afin de mieux appréhender l'effort perçu par le patient pendant ses séances et donc d’adapter notre charge de travail en fonction de la douleur perçue.

Quels conseils vous donneriez aux kinés qui veulent devenir kinés du sport ? Formez-vous, et formez-vous bien !

Il est également essentiel de ne pas considérer le sport de haut niveau comme la seule chose intéressante dans le métier d’un kiné du sport. Les sportifs du quotidien sont tout aussi importants et si ce n'est plus ! En fait, il n'y a pas qu’avec le sport professionnel que l’on peut s'épanouir.

Vous avez été diplômé en 2013, pensez-vous que les études de kinés ont évolué ou sont amenées à s’adapter par rapport aux nouveaux métiers qui apparaissent ?

Avec la réforme qu'il y a eu, le fait d'être passé de 3 à 4 ans d’études, c'est déjà une grosse amélioration. Je vois clairement une différence de niveau entre les cours de mes stagiaires et les miens. Ils sont beaucoup mieux formés maintenant. Forcément après cela varie en fonction des écoles qui vont pousser le cursus sur tel ou tel point mais de manière globale, ils restent beaucoup mieux formés que nous.
Pour ce qui est de la kinésithérapie du sport cela dépend des écoles qui vont préférer pousser sur les douleurs chroniques, ou encore sur l'aspect traumatologie. Cependant, la kinésithérapie du sport n'est pas toujours le premier sujet développé durant les cours même si cela tend à évoluer et que c’est de mieux en mieux.

Depuis 1 an, les gens sont plus sédentaires avec la crise sanitaire, est ce que vous pensez que ça va impacter le métier de kiné ? Est-ce que vous voyez des changements, ou anticipez des changements ?

Pour le coup, les changements je les vois déjà dans mon cabinet. Je retrouve des patients qui souffrent de pathologies de sédentarité et ça, quel que soit leur âge : ce mal touche toutes les générations !
À contrario, je vois arriver des personnes qui souffrent d'entorses de cheville ou du genou, mais aussi de tendinopathies de reprise. Ces personnes ont arrêté le sport pendant plus d’un an et ont voulu reprendre une activité trop vite, trop intense. Elles n'ont pas adapté la charge alors que leur corps avait été assez désadapté suite à l'arrêt des activités.
Je pense aussi que si la situation sanitaire évolue, nous auront un rôle à jouer avec les personnes qui ont eu le Covid et qui vont avoir besoin d’être accompagnées dans la reprise d’une activité physique adaptée. Les kinés ont et auront un rôle important dans le Covid long.

Pierre, vous êtes aussi connu sous le nom de Rééducman sur les réseaux sociaux. Vous y proposez des conseils, des techniques et vous partagez votre quotidien de kiné. Pourquoi avoir choisi de prendre la parole sur les réseaux sociaux ? Quelle est votre vision de la kinésithérapie sur les réseaux ?

Je suis venu sur les réseaux sociaux un peu par hasard. À la base c'était pour m'occuper l’esprit le midi lorsque j'ai arrêté de fumer. Par la suite, je me suis rendu compte que les réseaux me donnaient l’occasion de promouvoir notre métier, montrer que l’on ne fait pas que des massages.
Au cabinet, nous avons souvent ce cas de figure. Le patient avait eu des expériences pas super avec d'autres kinés et qui est donc venu nous voir avec beaucoup de préjugés. Au final, il a eu une prise en charge individuelle avec des exercices adaptés à ses besoins. Il a trouvé ça top et dès la deuxième séance il se sentait déjà beaucoup mieux. Il a senti que c'était une prise en charge totalement différente de ce qu'il a eu l'habitude d'avoir.
C'est vraiment ça que je veux montrer sur les réseaux sociaux. Je veux montrer que notre métier est bien plus complexe, les choses et la vision du monde de la kiné change. Les réseaux sociaux permettent justement d'avoir une portée beaucoup plus importante et de faire changer progressivement les mentalités.

Vous vous adressez aux kinés dans vos posts, qu’attendez-vous de ces publications ?

Je m’adresse surtout aux kinés pour pouvoir leur montrer ce que je fais. J’aime partager mon expérience, et les échanges que l’on peut avoir entre professionnels de la kinésithérapie. Cela me permet de me remettre en question, de faire évoluer ma pratique et d’être à jour sur les méthodes de travail ainsi que sur les différentes pathologies. Je trouve cela très intéressant !
Il m'arrive souvent de modifier mes pratiques suite à des discussions avec d'autres kinés. Je teste et si je juge que cette méthode est pertinente, je continue à l'utiliser. J’aime modifier mes habitudes si cela peut améliorer les soins que j’apporte à mes patients.
Nous tenons à remercier chaleureusement Pierre d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et d’avoir partagé avec nous ses connaissances et ses conseils de kinésithérapeute du sport. En espérant que ces conseils avisés vous seront utiles pour la reprise du sport en septembre !

N’hésitez pas à échanger avec Pierre et à aller voir son contenu sur sa page Instagram @reeducman.

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